Vincent Van Gogh peignait avec de la mort-aux-rats. Pourtant, ce n’est pas comme cela qu’il appelait ce produit qu’il utilisait. Pour lui, il s’agissait surtout d’une peinture dont les pigments verts étaient très en vogue au 19ème siècle. Connu sous le nom de Vert de Paris ou encore Vert de Schweinfurt, cette couleur portait également un nom beaucoup moins glamour : le vert arsenical. Ou encore acéto-arsénite de cuivre. À elles seules, ces dénominations mettent sur la voie des complications que ce pigment a pu engendrer… Et pour cause : il partageait avec la mort-aux-rats de l’époque un composé très toxique, l’arsenic.
Pourquoi Van Gogh peignait avec de la mort-aux-rats ?
Mais si cette peinture contenait de l’arsenic, pourquoi Van Gogh peignait avec de la mort-aux-rats ? Bien que les dangers de l’arsenic étaient connus, la luminosité de cette couleur verte était si compliquée à égaler que de nombreux artistes, couturiers… préféraient en subir les conséquences plutôt que d’y renoncer. Encore aujourd’hui, nos techniques chimiques modernes ne permettent pas de retrouver cette luminosité. C’est ainsi que plusieurs maux sont apparus dans les métiers amenés à manipuler ce pigment. En effet, en préparant leur peinture à l’huile ou les teintures, les artistes et artisans se retrouvaient exposés aux vapeurs toxiques. De même que les personnes qui portaient des vêtements teintés avec du Vert de Paris. Ou encore celles qui vivaient dans des pièces aux tapisseries vertes et qui lisaient des livres à la reliure verte. Le Vert de Paris était partout !
Dans la mesure où l’arsenic servait à tuer les rats, il avait également des conséquences sur la santé humaine. Ainsi, les réactions peuvent aller de la simple réaction cutanée à une insuffisance cardiaque ou une maladie pulmonaire. Dans les cas les plus graves, l’exposition au Vert de Paris conduisait à la mort. Pour Vincent Van Gogh, il semblerait que ses troubles neurologiques étaient la conséquence de son exposition à l’arsenic contenu dans le Vert de Paris. De même pour Paul Cézanne chez qui cette peinture aurait causé un grave diabète.
Où peut-on trouver du Vert de Paris ?
Aujourd’hui, inutile de demander où peut-on trouver du Vert de Paris. Du fait de sa dangerosité, il ne figure plus sur les étals des magasins. Aussi, vous ne trouverez plus de mort-aux-rats à base d’arsenic, telle qu’on l’achetait jusque dans les
années 1940-1950. C’est à cette époque que sa composition a changé. Auparavant fabriquée à base d’arsenic ou de thallium, la mort-aux-rats a progressivement été conçue à base d’anticoagulants, jugés plus efficaces pour lutter contre les rats.
De façon générale, la méfiance vis-à-vis de l’arsenic avait déjà commencé en même temps que le Vert de Paris inondait les musées et les habitations. En effet, dès le 29 octobre 1846, une ordonnance du roi Louis-Philippe limitait la vente de l’arsenic aux seuls pharmaciens. Progressivement, toutes les utilisations de l’arsenic ont fait l’objet d’une règlementation stricte voire d’une interdiction totale. Ainsi, l’arsénite de soude, utilisé comme fongicide dans la viticulture est sous le coup d’une interdiction depuis 2007.
Pour autant, l’arsenic existe à l’état naturel dans la roche et le sol. Par conséquent, il reste facilement accessible dans de nombreux pays et cause d’importants problèmes de sécurité sanitaire. Par exemple, du fait de sa présence dans certains puits ou nappes phréatiques, l’arsenic est en contact avec l’eau. Ce qui entraîne de graves problèmes de santé pour les personnes qui la consomment.
Comment peut-on être exposé au Vert de Paris ?
Plusieurs situations peuvent amener à être exposé au Vert de Paris. En effet, aujourd’hui encore, l’arsenic contenu dans les peintures ou dans la teinture des reliures de livres anciens conserve une certaine toxicité. Ainsi, les professions du secteur culturel et de la recherche ont appris à manipuler avec prudence les œuvres créées avec du Vert de Paris. Par exemple, une conservatrice de musée, Melissa Tedone, a initié en 2022 un projet visant à rassembler tous les livres reliés avec une toile colorée avec du Vert de Paris. Après avoir consulté le directeur de la santé et de la sécurité environnementales de l’université du Delaware, elle a réuni plusieurs recommandations pour les personnes devant manipuler des œuvres susceptibles de contenir du Vert de Paris :
- Porter des gants
- Isoler les œuvres
- Effectuer les manipulations sous une hotte ou dans un espace dédié
Aussi, si vous pensez posséder un livre de couleur verte datant de 19ème siècle, nous vous conseillons de le manier avec prudence, en suivant les recommandations précédemment énoncées. Par ailleurs, si l’envie vous prend de le jeter, sachez que le musée le plus proche de chez vous pourra le récupérer. Et ce, afin de venir étoffer l’histoire du Vert de Paris.
Pour autant, il convient de relativiser les risques que font courir ces manipulations. En effet, la fréquence d’exposition et la concentration d’arsenic entrent en jeu dans les possibles dangers d’un contact avec du Vert de Paris. Par conséquent, comme l’exposition au Vert de Paris est devenue anecdotique, les risques sont mineurs.
Pour conclure, nous tenons à rappeler que même si la mort-aux-rats actuelle ne contient plus d’arsenic, elle reste un produit très dangereux à manipuler avec précaution. C’est pourquoi, si vous avez des rats à Bordeaux dans votre maison ou dans votre boulangerie, nous vous conseillons de faire appel à un dératiseur professionnel. Habilité et former à l’utilisation de rodonticides, il positionnera les appâts de façon stratégique et sécurisée. Pour toute question, n’hésitez pas : contactez-nous !